Situé au Nord-Est du Mali, le Pays Dogon s’étend du Sud au Nord, sous forme d’un fer à cheval. Si hier, les immenses plaines de l’Est du Pays abritaient de gros ruminants et autres animaux tels les chevaux, les hippopotames, les rhinocéros, les éléphants, les lions, les tigres et hyènes, une sécheresse sans précédent s’est installée au fil des siècles. La grande forêt a fait place à une savane herbeuse.
Les Andoumbouloum sont les premiers habitants des falaises dogon. Leur présence remonterait à 320 avant Jésus Christ. Ils habiteront d’abord dans des grottes profondes avant de bâtir par la suite des maisonnettes, qui ressemblent à des igloos, sur les parois des falaises.
L’histoire des Andoumbouloums est souvent liée à celui de leur masque nommé « Albarka ». Les Andoumbouloums portaient ce masque -dit-on – pour cacher leur visage afin de sévir et tuer sans se faire remarquer. On raconte aussi que chaque fois que les Adoumbouloums avaient le temps, ils dansaient masqués devant leurs habitations.
A la suite des Andoumbouloums, sont arrivés les Kouroumbas. C’est par hasard qu’un jour les enfants Kouroumba découvrent l’existence des Andoumbouloum entrain de danser devant une grotte. Sans tarder, les enfants alertent leurs parents. Le lendemain, les parents Kouroumba viennent se cacher aux abords de la grotte en attendant la sortie des Andoumbouloum.
Ceux-ci ayant pressenti la présence des Andoumbouloum ne sortent pas. Les Kouroumba finissent par comprendre que leur présence empêchait la sortie des Andoubouloums. Ils décident de quitter les lieux tout en y laissant leurs enfants. Le plus âgé des enfants reçoit de la main des Kouroumba une motte de terre magique, ayant le pouvoir, jetée sur quelqu’un, de le paralyser aussitôt.
Les Andoumbouloum persuadés du départ des visiteurs intrus, sortent de leurs refuges et se mettent à danser. L’enfant Kouroumba, sort de sa cachette aussitôt de sa cachette et lance sur le plus grand Andoumbouloum la motte de terre magique. L’homme tombe à terre; les enfants se saisissent de lui, lui retirent son masque et l’emmènent au village. Par la suite, les Kouroumba déposent à l’entrée de la grotte, une grosse boule d’akassa, (met fait de farine de mil, ajoutée de pâte d’arachide, de la poudre de Tabac, du piment). Les andoumbouloum sortent en grand nombre, se disputent la boule d’akassa ; ils mangent et restent là, pris de vertige, ne sachant plus où aller. Les kouroumba rappliquent, se saisissent d’eux et leur retirent tous les masques.
Le masque Albarka vient de changer de possesseur. Il est désormais la propriété des Kouroumba. Pour mieux l’embellir, les Kouroumba fixent tout autour de lui, des fibres rouges. L’Albarka devient le « Bédé ». A chaque événement, les kouroumba porteront le « Bédé » pour danser et distraire les spectateurs. Les Andoumbouloum, dépossédés de leur masque Albarka, abandonne les lieux. Les Kouroumba s’installent et occuperont désormais les grottes et les maisons des Andoumbouloum.
C’est plus tard, que les Dogon atteignent les lieux. Les Dogon, pour désigner les Kouroumba, disaient « Les gens qu’on a trouvés ici » d’où appellation « Tellem ». L’ancêtre Kani Simbo baptise « Doukoun » se marie avec une fille Kouroumba qui lui donne cinq enfants quatre garçon : Dyon, Aru, Dono, Ono et une fille. Le peuple Dogon se disperse progressivement dans tout le Pays; des villages naissent dans les plaines et sur le plateau, et le long de la falaise. Un jour, une femme de Youga découvre le masque Bédé dans son champ la nuit, en cherchant du bois de chauffage. Les gens de youga, pour mieux orner le Bédé qui n’était que le masque Albarka encerclé de fibres rouges, ajoutent à l’objet des cauris blancs ; le « Bédé prend ainsi le nom de « Maporo ».
Les masques – source de l’ordre, de la puissance et du sacré, seront également chargés d’aider le chef de village dans ses fonctions de maintien de l’ordre du monde, de la communauté et des familles. Les masques joueront le rôle de régulateur de l’ordre cosmique mais également terrestre : rectitude, mœurs, respect des interdits, missions de police, de gendarme, d’administrateur, d’agent des eaux et forêt, etc.
Photo : ©Johannes Zielcke