Historien, philosophe, anthropologue, homme de lettres, membre de l’Académie française, René Noël Théophile Girard est né le 25 décembre 1923 à Avignon et décédé le 4 novembre 2015 à Stanford en Californie. Après l’obtention de son bac, il poursuit ses études à l’école de Chartres, puis aux Etats-Unis, à l’Université d’Indiana. Il enseigne ensuite la littérature comparée à l’Université de Stanford, à la John Hopkins University de Baltimore, puis à l’Université de Buffalo. René Girard est auteur de nombreux livres dont Mensonge romantique et vérité romanesque (1961), ouvrage qui dénonce la critique littéraire classique, La Violence et le Sacré (1972) qui traite de l’origine de la violence dans l’histoire.
Anthropologue de la violence et du religieux
René Girard se définissait lui-même comme un anthropologue de la violence et du religieux. Selon lui, l’homme n’a pas de désir propre si ce n’est celui qu’il voit s’exprimer chez les autres. C’est « en imitant le désir de mes semblables, écrit-il, que j’introduis la rivalité dans les relations humaines et donc la violence ». Ainsi cette rivalité mimétique conduirait à l’expulsion de la violence sur une victime émissaire.
Dans les ouvrages, Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) et surtout Le Bouc émissaire (1982), il aborde la question de la nature du sacrifice et du meurtre rituel. Il voit dans la religion une tentative pour surmonter cette violence inhérente à l’homme. Le religieux viserait à apaiser et empêcher le déchaînement de la violence. Souvent présenté comme le « Hegel du christianisme », Girard affirme que le christianisme serait venu rompre l’engrenage de la violence et représenterait la personnification de la non-violence.
L’œuvre de René Girard est controversée au sein du monde intellectuel. Saluée par certains comme une grande avancée de la pensée, elle est rejeté par d’autres aux yeux de qui les écrits de René Girard ne constitueraient en somme qu’une tentative de réhabilitation du christianisme.
Mensonge romantique et vérité romanesque (1961)
Quels sont les fondements de notre rapport à autrui ? Quelle est la véritable mesure de notre autonomie ? Partant d’une analyse novatrice des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature romanesque (Cervantès, Stendhal, Flaubert, Proust et Dostoïevski), René Girard développe sa théorie du désir mimétique, pensée avec subtilité, comme une triangulation entre l’envie, la jalousie et la haine impuissante. Un désir relatif qu’il appréhende dans toutes les formes de relations humaines, qu’elles prennent corps dans l’espace politique ou dans la sphère de l’intime.Ce faisant, sans jamais cesser de la questionner, le philosophe bouscule une illusion romantique, celle de notre liberté de choisir.
La violence et le sacré (1972)
Comment les cultures archaïques se protégeaient-elles des rivalités mimétiques ? Dans cet essai audacieux et percutant, il met l’accent sur le rôle de la « violence fondatrice » et sur celui de la « victime émissaire » pour expliquer les premières institutions culturelles et sociales. Une vaste culture ethnologique et des références incontestables permettent à l’auteur de construire une théorie nouvelle du sacré, et de donner une interprétation convaincante de nombreux thèmes mythiques et rituels (la fête, les jumeaux, les frères ennemis, l’inceste, le masque, etc.) dont la signification profonde n’apparaît ici avec tant d’évidence que parce qu’ils sont étudiés, pour la première fois, dans leur unité.
Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978)
Un ouvrage qui révolutionne les sciences humaines. Parallèlement à une analyse approfondie des mécanismes qui règlent la vie des sociétés, René Girard développe et commente magistralement ce qu’il estime être l’antidote de la violence : la parole biblique. Une lecture et une réflexion stimulantes des grands mystères de notre monde.
Le Bouc émissaire (1982)
Dans le droit fil de Des choses cachées depuis la fondation du monde, René Girard continue sa réflexion sur le « mécanisme sacrificiel ». Les persécutions, le Mal sont-ils une fatalité ? Les sociétés humaines sont-elles vouées à la violence ? Un commentaire subtil de l’histoire et des Evangiles propose les éléments d’une réponse.
Quand ces choses commenceront (1994)
Sans doute peut-on compter sur les doigts d’une main les « intuitions » comme celle de René Girard qui, en un siècle ou peut-être même un millénaire, déchirent et restructurent le ciel des idées. Ces entretiens avec Michel Treguer montrent à quel point les événements qui secouent la planète confortent les thèses de René Girard. Les « choses » auraient-elles vraiment commencé ?…