Selon les indications des Nations Unies, la consommation d’eau dans le monde a été presque multipliée par dix au cours des 100 dernières années, alors que la population a été multipliée par quatre (passant de 1,5 à 6,5 milliards d’habitants). La consommation d’eau a donc augmenté nettement plus vite que le nombre d’habitants. L’accès à l’eau potable représente donc un véritable défi majeur pour les décennies à venir.
La surexploitation des ressources en eau
Dans de nombreuses régions de la planète, la poussée démographique, l’urbanisation, le développement croissant de l’industrie et l’extension de l’agriculture irriguée augmentent la pression exercée sur les ressources en eau. Ainsi, l’agriculture mondiale consomme à elle seule jusqu’à 80 % de l’eau douce disponible. Lorsque les méthodes d’irrigation sont, de surcroît, inefficaces, les conséquences sont d’autant plus négatives pour les sols et les réserves aquifères.
La surexploitation des ressources en eau (lacs, rivières, eaux souterraines) entraîne une baisse de niveau de la nappe phréatique et un apport croissant d’eau salée dans les réserves aquifères proches des côtes. Ces faits méritent donc tout particulièrement d’être signalés, puisque la plus grande partie de l’eau potable est produite à partir de la nappe phréatique. Les estimations des Nations Unies pour 2025 parlent d’une menace de pénurie d’eau dans 64 pays, dont 31 en Afrique, 19 en Asie et 14 en Amérique latine.
Pollution croissante de l’eau
Parallèlement, 90 % à 95 % des effluents industriels et domestiques sont évacués dans les eaux sans aucun traitement préalable. Viennent s’y ajouter les ruissellements d’engrais et de pesticides agricoles qui s’infiltrent dans les eaux. Depuis les années 60, la pollution des ressources hydriques par des substances inorganiques a plus que doublé dans le monde.
Cette pollution fait que, d’ores et déjà, les ressources en eau de certaines régions ne peuvent être utilisables qu’au prix de traitements de plus en plus onéreux. Par ailleurs, la pollution accélère la dégradation des écosystèmes (p. ex. biodiversité décroissante, dessèchement de zones humides, etc.) et réduit leur rendement écologique.
Accès insuffisant à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement
L’accès insuffisant de la population à une eau potable ne présentant aucun risque et à des équipements sanitaires adéquats est l’un des plus grands défis posés dans le secteur de l’eau. Même si la situation s’est nettement améliorée, surtout au cours des 15 dernières années, plus de 1,1 milliard de personnes sont encore contraintes de se passer d’eau potable propre et plus de 2,6 milliards ne disposent d’aucun service d’assainissement sans risque sanitaire ni écologique.
Non seulement cette situation exige de gros efforts physiques et une énorme dépense de temps pour les personnes (en général des femmes) qui doivent assurer l’approvisionner en eau et l’hygiène domestique, mais elle concourt aussi à la propagation de nombreuses maladies liées à l’eau, causes du décès de plus de 3 millions de personnes par an. L’organisation mondiale de la santé (OMS) attribue 80 % des maladies dépistées dans les pays en voie de développement au manque de distribution d’eau potable et de services d’assainissement.
L’eau et le changement climatique
Le changement climatique a, lui aussi, des répercussions sur le bilan hydrologique : des modèles climatiques prévoient que la hausse des températures va entraîner de fortes augmentations ou diminutions des précipitations au niveau régional, avec des conséquences directes sur les ressources en eau disponibles.
Selon certains résultats scientifiques, il faut donc s’attendre à une fréquence accrue d’extrêmes sécheresses et de crues qui, à leur tour, pourront entraîner d’importantes pertes économiques, mais aussi des catastrophes sociales et écologiques.