Les Touareg l’appellent Gher n gheren, le « fleuve des fleuves », et les Bambara le Djoliba, « fleuve de sang ». Du Fouta Djalon, sa source en Guinée, à son delta final au Nigéria, coule – parfois tranquille, parfois tumultueux – le fleuve Niger. A la fois fleuve mythique, fleuve extravagant, il zigzague entre les forêts, savanes et plaines, avant de défier le désert à Tombouctou.
Ainsi au fil de ses pérégrinations, les mêmes scènes sur ses rivages depuis des siècles : des enfants qui jouent dans l’eau, des femmes qui lavent linges et ustensiles, des hommes qui font boire le bétail, des voyageurs qui voguent… Depuis des siècles, le long de ses côtes, s’étirent villages et villes, capitales d’empires et de royaumes. On raconte d’ailleurs que Bamako tirerait son nom d’une allégorie relative au fleuve « a bè taga donsoya kè bama kò la », ce qui signifie « il va faire la chasse sur le dos du caïman », sachant que ba ma kò signifie le dos du caïman.
Aujourd’hui plus de caïmans au fond des eaux du Niger. Mais beaucoup de poissons, des poissons destinés à alimenter les marchés locaux et internationaux. Pêche, commerce, irrigation des cultures, chemin d’eau et de terre, le Niger est un fleuve bienfaisant, nourricier.
Le fleuve Niger, fleuve mythique en péril ?
La mosaïque de groupes sociaux aux civilisations nées de ce grand fleuve observe cependant avec inquiétude les transformations du Niger : l’eau qui baisse, les poissons qui se raréfient, les plantes qui, n’ayant plus les mêmes qualités nutritives, rendent les troupeaux malades, pollution de l’eau, ensablement, envahissement des jacinthes d’eau…
Etat de santé inquiétant pour ce poumon humide du Mali, source de vie pour des centaines de milliers de personnes. Péril écologique et défis multiples : croissance de la population, dynamique climatique, systèmes d’usage du fleuve, aménagement pour la production électrique et agricole, pêche, élevage, préservation de l’écosystème… Le fleuve Niger est-il en sursis ?