L’écrivain Philip Roth, décédé mardi à l’âge de 85 ans, a publié une trentaine d’ouvrages, essentiellement des romans, qui ont marqué la littérature américaine contemporaine. Observateur lucide, Philip Roth était connu pour ses réflexions sur la société américaine, ses travers et ses penchants.
Petit-fils d’immigrés juifs d’Europe de l’Est, Roth est né le 19 mars 1933 dans un quartier juif de Newark (New Jersey). Son immense succès le donnait régulièrement favori pour le Nobel de littérature, sans jamais l’obtenir. Néanmoins sa carrière fut riche et couronné de multiples récompenses. En effet, son premier ouvrage en 1959, un recueil de nouvelles, Goodbye, Colombus, reçoit le « National Book Award » l’année suivante. Roth le recevra également en 1995 pour Le théâtre de Sabbath. Portnoy et son complexe est le livre qui l’a relevé au grand public en 1969, en lui apportant une notoriété internationale. Scandaleux à sa sortie, l’ouvrage choque tant pour ses descriptions sexuelles crues que pour la façon d’aborder la judaïté. C’est avec Pastorale Américaine sortit en 1998, que Roth obtient un Pulizer.
La carrière de Philip Roth fut riche et couronné de multiples récompenses
Récits provocateurs des mœurs de la petite bourgeoisie juive américaine, satires politiques, réflexions sur le poids de l’Histoire ou sur le vieillissement, ses œuvres sont presque toujours entre autobiographie et fiction. L’auteur opère une démythification de « l’American Dream », et se moque du politiquement correct ambiant. Son oeuvre aborde aussi la révolution sexuelle des années 1960.
Philip Roth avait annoncé sa décision d’arrêter d’écrire en 2012. « Raconter des histoires, cette chose qui m’a été si précieuse durant toute mon existence, n’est plus au cœur de ma vie », expliquait-il au journal français Libération. « C’est étrange. Jamais je n’aurais imaginé qu’une chose pareille puisse m’arriver ». Son dernier roman, Némésis, est publié en 2010 aux Etats-Unis. L’Américain venait d’entrer de son vivant dans la collection la Pléiade, l’an dernier à 84 ans.
Sa plume exigeante et sa lucidité implacable sur la société américaine ont fait de lui une figure majeure de la littérature d’après-guerre.
Photo: Philippe Roth, à New York, en 2010