Figure intellectuelle marquante du XXème siècle, la philosophe et romancière Simone de Beauvoir est reconnue pour avoir écrit une œuvre capitale sur le féminisme. Femme libre et indépendante, ses livres permettent encore aujourd’hui d’apporter un éclairage sur la condition féminine dans notre monde contemporain.
Simone de Beauvoir naît le 9 janvier 1908 à Paris dans un milieu conventionnel, bourgeois mais désargenté. Enfant, elle dévore les livres et dès l’adolescence elle souhaite devenir écrivain. Après des études de lettres et de mathématique, elle est reçue en 1929 à l’agrégation de philosophie et devient enseignante.
Elle côtoie de grands artistes et intellectuels de son époque : Boris Vian, Maurice Merleau-Ponty et bien sûr Jean-Paul Sartre, rencontré sur les bancs de l’Université de la Sorbonne. Ensemble ils créeront l’existentialisme : un courant de pensée selon lequel l’individu est le seul maître de lui-même et de son destin. Une complémentarité intellectuelle qui durera cinquante ans, ne s’interrompant qu’à la mort de Sartre. En 1945, ils fonderont « Les Temps moderne », une revue politique, philosophique et littéraire. Jusqu’à sa mort, en 1986, Simone de Beauvoir continuera d’aborder les grands thèmes de société comme l’amour, la mort, l’euthanasie, en questionnant son propre vécu.
Le Deuxième Sexe, 1949 (Gallimard)
En avance sur son temps, Simone de Beauvoir analyse en 1000 pages les raisons pour lesquelles l’homme a obtenu cette supériorité dans la société. Parcourant l’histoire, les mythes, la biologie, l’éducation, elle évoque les situations de domination de la femme, la condition féminine ou encore l’avortement. Elle défend l’idée que le rapport entre hommes et femmes est une construction sociale. Symbole de cette thèse, la phrase extraite de cet ouvrage désormais célèbre : «On ne naît pas femme, on le devient». Un livre au succès immense suscitant aversion pour les uns et révélation pour d’autres.
Les Mandarins, 1954 (Gallimard)
Le roman, qui se déroule à Paris, met en scène un groupe d’intellectuels de gauche au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ils comparent leurs réflexions sur la société, le rôle de l’intellectuel et sa capacité de changer le monde. Ils s’interrogent sur le sens de la vie dans une société détruite par la guerre. « Le mal est-il partout ? L’innocence existe-t-elle? ».
Ce roman, Prix Goncourt, largement inspiré de la vie de Simone de Beauvoir et de celles de ses proches, lui donna une aura internationale.
Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958 (Gallimard)
Ce premier volet autobiographique relate son enfance jusqu’à ses débuts de sa vie d’adulte, l’obtention de son agrégation. Elle décrit son quotidien bourgeois désargenté, ses rencontres déterminantes pour sa construction puis son choix d’une vie à l’opposée des normes de sa classe sociale. Guidée par sa volonté d’engagement social et philosophique, elle s’oriente vers la philosophie et travaille avec acharnement et détermination. Les « Mémoires d’une jeune fille rangée » est en partie le récit de la construction d’une identité.
La Force de l’âge, 1960 (Gallimard)
Deuxième tome de son autobiographie, le livre couvre deux périodes, celle de 1929 jusqu’au débuts de la guerre, puis celle de la Libération de Paris, en 1944. Voyages, enseignement, écritures, rencontres, amours libres, la force de l’âge est pleinement atteinte quand la guerre éclate, en 1939. Un bonheur terrassé par la guerre, une cassure dans sa vie faite de liberté. Cette lourde expérience conduit Sartre et Beauvoir à modifier leur façon d’envisager leur rôle d’écrivain et de citoyen.