Née en 1940 au Nord du Kenya, au sein d’une famille paysanne de l’ethnie Kikuyu, Wangari Maathai, est la première femme noire africaine à recevoir le Prix Nobel de la Paix en 2004.
Grâce à une bourse qu’elle obtient à l’age de 20 ans, Wangari part étudier la biologie aux Etats-Unis. Élève brillante, elle devient la première femme d’Afrique de l’Est à obtenir un doctorat. En 1977, elle quitte sa carrière universitaire pour fonder le Green Belt Movement (GMB, Mouvement de la Ceinture verte). Son projet ? Replanter des dizaines de millions d’arbres pour prévenir la déforestation et l’érosion des sols, facteurs de sécheresse et de pauvreté. Un projet géré par et pour les femmes des zones rurales leur permettant de travailler et d’acquérir ainsi plus d’autonomie.
Pour Wangari Maathai, l’environnement se conjugue avec les questions de gouvernance et de démocratie, de paix et de droits humains
Féministe, écologiste, défenseur des Droits de l’homme, Maathai s’oppose dans les années 90 à l’autoritarisme du président Daniel Arap Moi. Dénonçant des faits de corruption et plusieurs projets de défrichage à Nairobi, elle sera harcelée, blessée et emprisonnée, à plusieurs reprises.
Après l’avènement du multipartisme et l’élection de Mwai Kibaki, elle est élue députée écologiste en 2002. Puis, l’année suivante, elle devient ministre-adjoint à l’Environnement, aux Ressources naturelles et à la Faune sauvage.
Celle que l’on surnommait affectueusement Tree woman (La femme-arbre) s’est éteinte le 25 septembre 2011, à l’âge de 71 ans à Nairobi, des suites d’un cancer. Pour Wangari Maathai, l’environnement se conjugue avec les questions de gouvernance et de démocratie, de paix et de droits humains.
Extrait de son discours prononcé lors de la cérémonie de réception du Prix Nobel de la Paix
« En 1977, quand nous avons lancé le Green Belt Movement, je réagissais, en partie aux besoins exprimés par les femmes des zones rurales : manque de bois de chauffage, d’eau potable, de régimes alimentaires équilibrés, de revenus.
Dans toute l’Afrique, les femmes se chargent des tâches essentielles, et ont des responsabilités importantes : cultiver la terre, nourrir leurs familles. Il s’ensuit qu’elles sont souvent les premières à prendre conscience de la dégradation de l’environnement, à mesure que les ressources se font rares et ne leur permettent plus de nourrir leurs foyers. (…)
Ensemble, nous avons planté plus de 30 millions d’arbres
Planter des arbres devint alors un choix naturel pour répondre à certains des besoins élémentaires cités par ces femmes. C’est aussi quelque chose de simple et de réalisable, qui garantit des résultats rapides.
C’est ainsi que, ensemble, nous avons planté plus de 30 millions d’arbres, qui fournissent du combustible, de la nourriture, du bois de construction et des revenus permettant aux femmes d’assurer l’éducation de leurs enfants et leurs besoins domestiques. Une telle activité crée aussi des emplois et améliore les sols et les réserves d’eau. Celles qui s’y impliquent y gagnent un certain pouvoir sur leurs vies, notamment dans leur position sociale, économique et familiale. Et ce travail se poursuit. (…)
Chemin faisant, les participants découvrent qu’ils doivent être une partie de la solution, qu’ils ont un potentiel caché, et qu’il leur faut surmonter leur inertie pour agir. Ils en viendront en comprendre qu’ils sont à la fois les gardiens et les bénéficiaires de l’environnement qui les nourrit.
L’arbre devient un symbole de la lutte pour la démocratie au Kenya
Des communautés entières comprennent également que, s’il est nécessaire de rendre redevable et responsables leurs gouvernements, il est tout aussi important que, dans leurs relations entre elles, elles donnent l’exemple de ces valeurs qu’elles voudraient voir mises en œuvre par leurs propres dirigeants : justice, intégrité, confiance.
Si, au départ, les plantations d’arbres du GBM ne prenaient pas en compte les questions de la démocratie et de la paix, il devient vite clair que la gestion responsable de l’environnement était impossible sans espace démocratique. L’arbre devient un symbole de la lutte pour la démocratie au Kenya. (…)
Grâce au Green Belt Movement, des milliers de citoyens ordinaires furent mobilisés pour mener à bien le changement. Ils apprirent à surmonter la peur et le sentiment d’impuissance, et agirent pour défendre les droits démocratiques. »