Ecrivain, Milan Kundera est né le 1er avril 1929, à Brno, en Tchécoslovaquie. Très tôt, il est fasciné par l’art moderne. En 1948, il rejoint Prague, fréquente l’université, s’essaie à l’art, écrit de la poésie et compose de la musique. Dès 1959, il rédige ses premières nouvelles et participe à la fronde de l’intelligentsia tchèque contre le pouvoir en place. En 1968, avec l’invasion soviétique, ses livres deviennent interdits. Invité en France en 1975, il s’installe définitivement en 1978 à Paris. Il reçoit en 2001 le Grand Prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Milan Kundera est décédé le 11 juillet 2023 à Paris.
L’ œuvre de Milan Kundera
L’œuvre de Kundera, portée par une esthétique de la variation, une langue musicale et polyphonique, un humour teinté de mélancolie, exprime le besoin de penser le monde. Elle part des interrogations existentielles et, aboutit non pas à des réponses définitives mais à d’autres interrogations. Elle définit l’époque dans laquelle nous vivons comme celle des paradoxes terminaux : après avoir réussi des miracles dans les sciences et les techniques, « l’homme se rend subitement compte qu’il ne possède rien et n’est maître ni de la nature ni de l’histoire ni de lui-même. »
Les romans de Kundera abordent le problème de la recherche du sens dans ce monde qui avance dans le vide, dans ce monde où rien n’a d’importance, où rien n’est vrai.
La Plaisanterie, 1967, Gallimard
En Tchécoslovaquie, Ludvik est étudiant et communiste. A la suite d’une blague mal interprétée qu’il a écrite sur une carte postale et envoyée à une étudiante, il est enrôlé de force dans l’armée des « noirs » c’est-à-dire des ennemis politiques. Premier ouvrage de Milan Kundera publié en 1967, il coïncide avec les prémices du « printemps de Prague », tentative de libéralisation sévèrement réprimée par l’U.R.S.S en août 1968. Les thèmes abordés donne déjà une esquisse de son œuvre à venir.
L’Insoutenable Légèreté de l’être, 1984, Gallimard
L’intrigue se déroule principalement à Prague, au cours de la période communiste jusqu’à l’invasion soviétique de 1968. Les quatre personnages principaux incarnent de grandes idées. Parmi eux, Tomas à la fois libertin et amoureux passionné, Tereza, sa femme, aussi jalouse qu’en quête de l’amour pur. Puis, Sabina, la maîtresse, à la poursuite de la légèreté.
Livre de réflexion et d’amour, Kundera aborde plusieurs thèmes : les rapports hommes-femmes, sur l’incompréhension entre les êtres, la trahison, le totalitarisme, le sens de la vie… Un roman qui mêle psychologie et philosophie et qui invite le lecteur à une introspection.
L’Identité, 1998, Gallimard
Confondre l’apparence physique de l’aimée avec celle d’une autre. Combien de fois il a déjà vécu cela ! Toujours avec le même étonnement : la différence entre elle et les autres est-elle donc si infime ? Comment se peut-il qu’il ne sache pas reconnaître la silhouette de l’être le plus aimé, de l’être qu’il tient pour incomparable ?
Kundera ouvre une réflexion complexe sur l’identité à travers l’histoire d’un couple. Qui sommes-nous ? Pourquoi changeons-nous, et surtout comment ? Connaissons-nous vraiment une personne ? Ce roman nous démontre à quel point notre identité se mue en fonction des situations que nous vivons au quotidien. Un livre qui transmet des messages profonds avec une grande fluidité.
L’Ignorance, 2003, Gallimard
Un roman philosophique sur la nostalgie, qui met en scène Irena et Joseph, de retour en Tchécoslovaquie après la chute du communisme. La déception du retour leur est un nouveau bannissement. Un exil sans cesse recommencé, aussi bien extérieur qu’intérieur. À partir de cette notion d’ignorance comme lacune existentielle, Milan Kundera s’interroge sur la mémoire, et surtout sur l’oubli, qui à ses yeux prend le pas sur le travail de la mémoire.
La fête de l’insignifiance, 2014, Gallimard
Avec ce dixième livre, Milan Kundera mène une réflexion en sept actes sur l’insoutenable absurdité de l’existence. Sa plume poursuit l’examen de l’expérience humaine à travers quatre personnages et dont l’histoire se passe au cœur de Paris dans une apparente « légèreté de l’être ».
Le narrateur, un cinquième homme, nous fait partager leurs déambulations, échanges et réflexions. Kundera fait l’éloge de l’insignifiance, l’inutilité d’être brillant, la valeur de l’amitié, la quête du bonheur…
Photo : Pavel Vacha – Milan Kundera, Mai 1968