Le texte ci-dessous de David Gakunzi est inspiré par un joyau de la musique burundaise intitulé « Uranjana i Mabayi » – Conduisez-moi à Mabayi. La voix du musicien, la respiration mystique proche de la transe, est transcendée par un jeu exceptionnel de l’Inanga. Ce chant – présenté à la suite du texte – est une véritable méditation musicale.
Uranjana i Mabayi.
Comme une voix mystique extirpée du couchant aux heures subites ;
une voix, le murmure senteurs de foret, à l’affût de la lumière ;
une voix, la cithare,
sortie de ce qui étrangle, sortie de ce qui entrave,
les vibrations étoiles messagères ;
une voix, extraite du silence,
qui sait, de l’ombre à la lumière, de la lumière à l’ombre, où elle veut en venir ;
une voix, qui, soudain, rebondissant,
le chant secousses et soubresauts,
fait irruption à son heure, à son instant,
sans réclame, sans annonce, sans avis de tempête,
et, la nuit haute,
ouvre, à travers ce qui n’est pas visible,
portes et chemins à reprendre.
Mabayi, uranjana i Mabayi.
Aux jardins de la vie,
un jour,
d’autres années s’ouvriront,
la bête ne fera plus la loi.
Photo : ©Teddy Mazina / Antime, Ma Mémoire