Définie par la production de fruits, de légumes, de plantes ou de tout type d’aliments en ville, l’agriculture urbaine rencontre un succès grandissant. Selon la FAO, elle serait pratiquée par 800 millions de citadins dans le monde et fournirait de la nourriture à un quart de la population urbaine mondiale. Alors que plus des deux tiers de la population mondiale vivra en ville en 2050, l’organisation y voit « une contribution importante à la sécurité alimentaire des ménages, en particulier durant les périodes de crise et de pénurie alimentaire ».
L’agriculture urbaine : une nécessité pour les foyers les plus pauvres
Avec la raréfaction des terres cultivables et l’augmentation des prix des denrées alimentaires, l’agriculture en ville relève de la nécessité pour les foyers les plus pauvres. Elle permet aux familles à faibles revenus de subvenir en partie à leurs besoins alimentaires et d’assurer un complément de revenus, les excédents occasionnels étant vendus sur le marché local.
Au cours des années 90, Cuba s’est illustrée dans cette forme d’agriculture comme nulle part ailleurs dans le monde. Conversion forcée, due à l’effondrement de l’URSS, son principal soutien économique jusque-là, qui a permis de pallier à une grave crise de pénurie alimentaire. Depuis, cette stratégie a permis à l’île de développer un modèle agricole durable. Aujourd’hui, La Havane fournit 50 % de fruits et légumes bio à ses 2 200 000 habitants, le reste étant assuré par les coopératives des régions périphériques.
Source d’inspiration pour la ville de demain
Qu’elle soit professionnelle, associative ou citoyenne, l’agriculture urbaine se déploie à travers une multitude de pratiques aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. A New York, Paris ou Londres, on voit de plus en plus pousser une multitude de jardins dans les arrière-cours des maisons, sur les toits, dans les rues… A Montréal, les fermes Lufa, ont été les premières serres commerciales au monde, construites sur les toits dès 2009.
Cette forme d’agriculture constitue aussi une source d’inspiration pour la ville de demain : une ville « nourricière », capable de subvenir à ses propres besoins alimentaires. Des architectes imaginent des fermes verticales au cœur des villes, sorte de gratte-ciels agricoles, où différentes cultures pousseraient à chaque étage. Rêve qui a déjà pris forme au cœur de la ville de Singapour notamment. Au printemps prochain, Paris, à son tour, offrira la plus grande ferme urbaine au monde sur le toit du Parc des expositions.
Face aux enjeux environnementaux et alimentaires actuels, l’agriculture urbaine apparaît comme un levier d’action pour les villes de demain. Dans de nombreux pays, elle demeure encore très informelle, voire même illégale. Pour devenir pérenne et efficiente, elle demande à être intégrée dans une stratégie globale d’aménagement des territoires urbains. Sans oublier qu’il existe aussi des risques sanitaires et environnementaux, tels que la pollution de l’eau ou l’hygiène des aliments, à prendre en compte.