En Afrique, l’eau est dans certaines régions du continent une ressource problématique. Le véritable enjeu : la gestion de la ressource qui engendre parfois des conflits sociaux et spatiaux, politiques et qui concerne autant les pouvoirs locaux que nationaux dans la recherche des solutions.
L’excès d’eau et ses dégâts
Si certains pays d’Afrique sont confrontés au manque d’eau, la réalité est plus complexe avec des pluies trop abondantes surgissant au cours de certaines périodes de l’année. Avec le réchauffement climatique, ces pluies torrentielles risquent d’être de plus en plus violentes et dévastatrices, selon certains analystes.
Les excédents d’eau dans les plaines marécageuses, que ce soit de façon permanente comme dans la cuvette congolaise ou saisonnière comme à Okavango au Botswana, sont la cause du paludisme et des autres endémies liées à la stagnation de l’eau. Ils ont des conséquences notables sur la santé des hommes, mais aussi sur leurs modes de production (agriculture, élevage).
Le manque d’eau : le problème le plus diffus
Néanmoins, les sécheresses récurrentes demeurent le défi le plus difficile, car le plus fréquent en Afrique. Les épisodes de sécheresse ayant des répercussions sur le long terme. La sécheresse qui frappa le Kenya par exemple en 1973 fut à l’origine, les années suivantes, de l’érosion des sols et de leur perte de fertilité.
Au-delà des épisodes catastrophiques, le manque d’eau produit des effets néfastes aussi par l’irrégularité et l’imprévisibilité des précipitations.
Les conflits liés aux grands ouvrages de maîtrise de l’eau
La réalisation de grands barrages, ou la multiplication du nombre de petits barrages tout le long de certains cours d’eau, peut perturber l’écoulement normal de la ressource et engendrer des conflits entre les acteurs qui en subissent les désavantages et ceux qui en tirent des avantages. Cela est d’autant plus fréquent là où l’eau manque : c’est souvent le cas dans la région du Sahel par exemple.
Les tensions politiques et les organismes de gestion de l’eau
Les grands fleuves, comme le Niger, qui traversent plusieurs Etats, sont l’enjeu de la convoitise de la part de chacun d’eux. Un accord a donc été signé en 1963 entre les Etats concernés par l’eau du Niger et un comité permanent de lutte contre la sécheresse a été créé entre les États de l’Afrique de l’Ouest en 1973.
Les grands lacs africains
L’Afrique dite des Grands Lacs possède six lacs majeurs : le Tanganyika, le Nyassa, le Kivu, l’Edouard, l’Albert et le Victoria. Le lac Victoria, le plus important, est une véritable « mer intérieure », tant par son étendue que par ses aspects hydrologiques.
Ces lacs se situent tous en position frontalière entre la Tanzanie, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi.
Cette région des Grands Lacs est un espace privilégié par l’influence positive du climat, chaleur tempérée et par le stock de ressource hydrique.
Difficile gestion de la ressource en ville
La question de l’approvisionnement de l’eau en ville est bien différente de celle des zones rurales. Aux besoins de distribution, croissant de façon exponentielle depuis les dernières années, s’ajoutent ceux du traitement des eaux usées, avec les risques sanitaires et environnementaux connexes. L’eau est un enjeu fondamental de l’aménagement urbain qui dépasse l’échelle locale, car il implique les gouvernements, les acteurs privés et les organisations internationales.
Des besoins croissants
La croissance démographique et l’étalement urbain ont augmenté la demande en eau, notamment dans les très grandes villes et particulièrement dans les quartiers pauvres et surpeuplés, ainsi que dans les bidonvilles, bien souvent dépourvus d’eau courante.
La croissance de la consommation urbaine n’est cependant pas dépendante uniquement du nombre d’habitants : les activités industrielles ou l’agriculture urbaine consomment en effet de grandes quantités d’eau.
Les vendeurs d’eau : le palliatif aux déficiences des réseaux
Les réseaux hydriques sont souvent sommaires et dans la plupart des cas insuffisants aux besoins actuels. Ainsi, les habitants des capitales subissent des coupures d’eau de plus en plus fréquemment. L’entretien et le renouvellement des réseaux n’étant pas efficace, car coûteux, le commerce de l’eau s’est développé dans un grand nombre de villes.
La vente de l’eau passe par des acteurs hiérarchisés : du transporteur, propriétaire de camions-citernes, aux revendeurs qui fournissent les particuliers et les commerces, lorsque l’eau vient à manquer. Ceux qui n’ont pas accès à l’eau continuent à utiliser les bornes fontaines publiques.
Le traitement des eaux usées est rare
Le drainage et l’évacuation des eaux usées sont dans la plupart des cas inexistants ou insuffisants. Ainsi, une capitale comme Conakry, qui ne possède pas de système de collecte des eaux usées, se retrouve en période de pluies avec des rues et des axes principaux recouverts d’eaux malodorantes, engendrant des risques sanitaires accrus par la chaleur et l’humidité.
Les risques environnementaux et sanitaires
Ces eaux usées sont aussi parfois contaminées, notamment dans les régions minières, par les métaux lourds, les acides et les produits chimiques. Par ailleurs, bon nombre de pays sont dépourvus de lois de protection de l’environnement urbain et de la santé des habitants.