Chaque année, la planète entière célèbre la journée internationale Nelson Mandela. Mandela un humain singulier, profondément humain. Texte de David Gakunzi
Mandela. Nelson Mandela. Tambours et guitares sortis, nous dansons les danses de toutes les couleurs pour accueillir des deux mains ce jour. Béni soit ce jour de ta naissance. Qu’il soit béni!
Nous dansons. La danse libère le corps de ce qui entrave l’esprit. La danse porte vers l’horizon. La danse dévoile l’invisible.
Mandela, Nelson, béni soit ce jour qui t’a vu naître sous le soleil de Mvezo, Umtata.
Non, ce n’était pas par un temps débonnaire. Non, ce n’était pas lors d’une saison de bonheur. La ségrégation avait imposé sa loi. La domination était le lot du quotidien. Les jours étaient de désespoir.
Loi sur la terre – Natives Land Act ; Loi d’habitation – Group Areas Act ; Loi de classification de la population – Population Registration Act ; Loi sur l’interdiction des mariages mixtes – Prohibition of Mixed Marriages Act ; Loi de suppression du communisme – Suppression of Communism Act ; Loi sur les laissez-passer – Natives Passes and Co-ordination of Documents ; Loi sur le travail indigène et le règlement des différents –Native Labour Settlement of Disputes Act…
Mandela, Nelson, béni soit ce jour qui t’a vu naître sous le soleil de Mvezo
Color line. La barrière de la couleur. Mandela, Nelson Mandela, tu ne resteras pas à ta place. A la place réservée. A la place assignée. Izina ni ryo umuntu, le nom c’est l’homme : au clair de la lune, tu seras Rolihlahla. Celui qui tire la branche d’un arbre. Celui qui crée des problèmes. Celui qui refuse la domination. Celui qui rejette l’oppression.
Rolihlahla Mandela, par la vertu, que rien ne saurait dompter, tu étais venu pour le droit. On dira, plus tard, célébrant ton nom devenu illustre, que tu étais celui qui devait venir pour ouvrir le passage. Celui qui devait venir pour porter la lueur. La lueur qui ne s’incline pas ; l’auréole, telle une flamme debout là où la lumière ne tombe pas.
Robben Island. L’enfermement. Des années derrière les barbelés ! Que des peines ! Que des misères ! Mais, Amandla ! penser comme un boxeur. Ngawethu ! Tout est dans le mental. Mayibuye ! L’estime de soi, la motivation, le contrôle de ses émotions, la concentration. Se concentrer sur l’essentiel. Iafrica ! Le désir doit être vécu. Vivre. Que chaque personne vive dans la dignité. L’égalité. Tous les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Madiba Mandela, libérant l’opprimé et l’oppresseur, ta couronne sera d’élégance
Dire et se dire. Prendre la parole. La parole vive. La parole source et lieu de résonance de la résistance. La parole est importante ; l’importance de la parole. La parole a une portée. La parole peut guérir, la parole peut engendrer le néant. La parole juste, sans un mot de trop, tu parleras d’élévation : « Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de sa haine, il est enfermé derrière les barreaux des préjugés et de l’étroitesse d’esprit. »
Madiba Mandela, libérant l’opprimé et l’oppresseur, ta couronne sera d’élégance. La vengeance ne sera pas ton chemin. Les stigmates du passé n’auront pas raison de la force de ta bonté. Ubufura : cette chose qu’on appelle noblesse. L’art de l’Ubuntu. Umuntu ngumuntu Ngabantu : Je suis parce que nous sommes ! Une personne est une personne à travers les autres personnes ! On peut faire le monde ensemble.
La lumière d’un autre jour était venue. Force vitale, à la pesée du cœur, te voilà appelé, désigné, loué, vanté, chanté.
Ce jour.
Nous dansons. Nous marchons réinventant la danse pour signifier. La route fut longue; il y eut des flaques de sang et de larmes : Sharperville, Langa-langa, Gaberonne, Soweto, Kassinga, Biko, Timol, Sipho et Galela, Neil Agett, Ruth First, Victoria Mxenge…
Nous marchons. Nous marchons pour reconfigurer la danse. Même là où la capacité d’entendre s’est évanouie, ton rire raisonnant à l’horizon, nous nous élançons. La cadence. Le jaillissement de l’être. L’air et l’espace. L’allégresse. L’invincible joie flamboyante. Nous dansons. La danse fait renaître.
Nous marchons ton nom gravé sur le ciel de l’humanité
Baba Mandela, Tata Mandiba, quand tout est naufrage, quand l’obscurité reprend de la vigueur, nous agitons ton nom comme on fait un beau rêve. Ton nom ne fut pas illusion qui ne demeure pas dans le cours du monde à l’exercice du pouvoir. Ton nom, reliant gestes et paroles, dit : le pouvoir n’est pouvoir humain que lorsque fondé sur l’éthique de l’égalité des droits.
Fils de Gadla Henry Mphakanyiswa et de Nosekeni Fanny, béni soit ce jour de ta naissance.
Défiant la gravité de notre époque, élevés par ton souffle, nous dansons. Nous dansons reconfigurant dans l’instant la danse. Nous marchons ton nom gravé sur le ciel de l’humanité : Nelson Rolihlahla Madiba Mandela.
Photo : Johannesburg Dec. 7, 2005/Denis Farrell
1 commentaire
Merci pour cet hommage .Ne jamais oublier son nom, le transmettre a l humanité pour chaque génération .L oublie est si facile ..