Simone Barreto Silva est l’une des victimes de l’attentat de Nice, perpétré le 29 octobre. Originaire de Salvador au Brésil et vivant en France depuis 30 ans, Simone Barreto Silva était mère de trois enfants. Texte de David Gakunzi.
Yemanja, odoya Yemanja, déesse des eaux née sur le gouffre de l’océan, où est Simone ? Simone Barreto Silva. Simone de Salvador, Salvador da Bahia, Bahia de tous les Saints.
L’obscurité est venue invoquant un Dieu qui n’avait pourtant rien demandé. L’obscurité est venue : où domine l’ignorance la vie devient dérisoire.
Yemanja, la dentelle vaste de sept mers, mère de toutes choses, où est Simone Barreto Silva ?
Parole d’Ifa, chaque orixa a son chemin, chaque personne son destin. Ifa, Salvador et dans les yeux des fleurs, des étoiles et des chansons qui réconfortent.
Simone Barreto la douceur dans le regard, croyait aux choses du ciel et de la terre
Yemanja, yeye emo eja, mère dont les enfants sont aussi nombreux que les poisons de la mer, Yemanja, mère de la fécondité, Yemanja mère de tous les orixas, au fond des cales de déportement, tu fis le voyage de l’Afrique au Brésil. Et Simone fera, quelque autre siècle plus tard, le voyage de Salvador à Nice.
Le voyage et, en provisions pour la route, l’allégresse de Bahia de tous les Saints et la puissance mystérieuse de Salvador. Et à chaque réveillon Simone solaire, la tendresse, semence de clarté, roses blanches jetées sur le bleu de la mer : que sur les vagues de l’horizon Yemanja fertilise la vie.
Au rythme des années, tant que le soleil est planté dans le cœur, la saudade devient une histoire qui passe. A chaque levé du jour, lever la tête plus haut que la plus haute des vagues. Simone la douceur dans le regard, croyait aux choses du ciel et de la terre. Aux choses qui font vivre. Qu’elles soient de l’église ou des terreiros ou d’un autre cercle. Qu’importe. Pourvu qu’elles soient feu de joie qui donne courage pour continuer le voyage.
Simone, de Cidade Baixa à Nice ; Simone l’éventail de métal de toutes les couleurs
Yemanja, toi qui commande la mer, Yemanja, divinité de l’infinie, déesse des eaux et des côtes, une mer bleu et m’incliner devant Simone. Bouquet de fleurs tropicales, oranges, et algues, parfum de framboise, de santal et de cannelle, quelques goutes de cachacha. Le voyage n’est jamais de ligne droite ; le voyage c’est l’imprévu et on invente et on emprunte et on donne et on reçoit.
Simone, mère et soucis de mère : comment va notre monde ? Il y a des jours où les choses ne vont pas. Il y a des jours où le temps d’un instant le sourire est effacé. Jours de mauvaises nouvelles et nous sommes consternés. Il y a des jours comme ça. La route tourne et ne tourne pas. Le souffle de la mer n’est pas à la samba.
Simone, le mouvement des vagues jusqu’à l’autre rivage : « Dites à mes enfants que je les aime
Simone et le temps de la mère, le regard qui sublime la vie et ne souhaite que le meilleur. Mais comment va notre monde ? Comment vont nos cœurs ? Il y a des jours de pluie ; il y a des jours de soleil. Notre monde guérira. Le désir est le remède premier et ultime. Et quelque chose de notre substance toujours habillée de fantaisie, berimbau secouant la poussière, repoussant la tristesse. Il y a l’eau, il y a la vie, la beauté, les coquillages, la fête, l’amour.
Simone, de Cidade Baixa à Nice ; Simone l’éventail de métal de toutes les couleurs ; Simone, le mouvement des vagues jusqu’à l’autre rivage : « Dites à mes enfants que je les aime. »
Simone, Simone a dit : « Dites à mes enfants que je les aime. »
Photo : Simone Barreto Silva